dimanche 11 mai 2014

Opus zéro

Thibault Marconnet, Détresse, 2013



Le chant des corbeaux
S’étale sur l’automne
Et au-delà de l’infini.
Dans le soir tissé de larmes
Qu’elle était fade ta posture
Tes gestes graves
Ta voix dégoulinant de fard.

Les rêves en asphyxie
Je m’en vais parfois
Écouter l’apnée des mots
Dans le berceau futile
Où s’empêtrent mes songes.
Ceux-là d’un autre temps
D’un ailleurs cosmique
Aux lèvres de pluie
Qui les embaument.

Parcelles éclatées de vie
Dans le remous de ton ventre
Murmurent en moi des soleils
Qu’une lune dépravée
Vient étendre sur la grève
Des amants de bénitier.
Car amour qui se consume
N’a de cesse d’alimenter son brûlot
De rancoeurs, de vides, d’inutiles sanglots.

Et reviennent s’éclater sur mes pupilles
Les étoiles frustrées, les comètes épileptiques.
L’ombre m’a tenu la main
Le soir venu, son fichu de levain
S’agrippait à mon cou
Et de silences bouffis de colères
Je n’ai étouffé que vaines prières.

Attends encore un peu, Silence.
Voudras-tu parsemer en moi
Un peu de ta douce sénescence
Dans les globules d’un sang las ?

Il se peut que le futur soit là
Palpitant entre les rires des fauves
Endeuillé de glaires et de crachats
Sa peau tendue sur une épine de rose.


© Thibault Marconnet
13/04/2007



Thibault Marconnet, Froide lumière, 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire