vendredi 26 décembre 2014

“Le Vent” de Claude Simon



« Dans peu de temps, il [le vent] serait de nouveau installé et nous en aurions jusqu’à l’été prochain. Bientôt il soufflerait de nouveau en tempête sur la plaine, finissant d’arracher les dernières feuilles rouges des vignes, achevant de dépouiller les arbres courbés sous lui, force déchaînée, sans but, condamnée à s’épuiser sans fin, sans espoir de fin, gémissant la nuit en une longue plainte, comme si elle se lamentait, enviait aux hommes endormis, aux créatures passagères et périssables leur possibilité d’oubli, de paix : le privilège de mourir. »


Claude Simon (in Le Vent, p. 315)


Camille Corot, Le coup de vent, 1870

3 commentaires:

  1. A la lecture de cet extrait, fort et profond, l'envie d'aller à la découverte de Claude Simon devient une évidence.
    Je ne connaissais que de nom, maintenant, je vais pouvoir "creuser" mon sillon...
    Merci.
    Bien à toi Thibault.
    Yom

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    Réponses
    1. C'est cela qui me rend heureux, cher Yom, de pouvoir par le partage, susciter l'envie de la découverte.
      Longtemps, j'ai été pétri d'a priori vis-à-vis de son oeuvre à cause de tout ce que j'ai pu entendre sur le “Nouveau roman”. Mais l'écriture de Claude Simon ne fait pas l'économie du sujet, bien au contraire, il nous immerge en lui et ses mots réveillent des sensations oubliées, ressuscitent la matière du monde, ses bruits, ses odeurs, son goût, sa texture. C'est une “épiphanie” profane et féconde. J'ai commencé avec “L'Acacia”, poursuivi par “Le Vent” et plongé dans “L'Herbe”. Puisse cette lecture t'enivrer !
      Bien à toi, Yom.
      Thibault

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